CaliforniAntoane – Carnet de voyage 1

Premier dessin sur le toit de la maison Afro American House.

Au printemps 2009, je m’envolais pour San Francisco, plus précisément Berkeley, sa banlieue étudiante, pour y rejoindre un copain qui y faisait ses études et y passer un bon moment de vacances. J’y suis resté un mois.
Ces articles contiennent des textes, écris sur place ou a posteriori, et des croquis, réalisés là bas, sur le motif.
Peut être est-il conseillé des les lire dans l’ordre…

Morlingue

Poche gauche du jean
Poche droite du jean
Rien.
Poche arrière gauche du jean, poche arrière droite du jean
Encore rien.
Poche gauche du blouson rien; poche droite du blouson rien; poche gauche du haut du blouson et poche droite du haut du blouson toujours rien poche intérieur gauche du blouson rien poche intérieure droite du… ah nan il n‘y a pas de poche intérieure droite!
Rien.
Je recommence, j’ai peut être mal cherché.

Poche gauche du jean
Poche droite du jean
Poche arrière gauche du jean, poche arrière droite du jean
Poche gauche du blouson ; poche droite du blouson; poche gauche du haut du blouson et poche droite du haut du blouson poche intérieur gauche du blouson rien poche intérieure droite du… ah nan il n‘y a toujours pas de poche intérieure droite!
Rien.

Que dalle

Ca ne coute rien, et pis ça rassure: rebelote.
Re-rien, re-que dalle.

De toutes évidences il n’était pas dans une poche!
Le stress se pointe. Il se pointe bien, même!!

J‘ai pas le droit!
Pas déjà!
Putaiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiin!!

Restent les bagages. Et un peu d’espoir.
J’arrive dans la chambre de l’hôtel, je vide tout. Les sacs, la valise. La valise je ne l’ai pas ouverte depuis le départ de mon appart mais je vérifie quand même.
Encore et toujours rien.

J’ai pris l’avion à paris Charles de Gaulle. Je suis arrivé à Frankfort une heure après. Le temps de descendre, de me renseigner à droite à gauche, quelques conneries, j’arrive à l’hôtel. Et je constate que j’ai déjà paumé mon larfeuille!!!!
PUTAIN!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
JE SUIS VRAIMENT TROP CON!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Il n’est pas là!
J’ai beau fouiller partout, dans mes affaires et dans ma tête je ne trouve rien que dalle wallou bernique peau d‘zob!

Alors c’est simple, montant du déficit: carte d’identité, carte d’électeur, carte vitale, permis de conduire (sur la photo j’ai une tête de cul, ce n’est pas ce que je regretterai le plus), cartes de fidélités numéros de téléphone cartes de visite chaine en argent (ben oui!) enfin bref, plein de trucs!
Une bonne nouvelle tout de même, mon passeport- miracle gloire à toi je ne sais pas qui- est dans la poche arrière de mon jean (la droite) (je le sais, je l‘ai fouillée trois fois, relisez le début si vous n’avez pas suivi).
Je vais donc pouvoir poursuivre mon voyage, tout n’est pas perdu. Tout non mais mon morlingue oui.
Putain j’ai perdu mon morlingue. Un cadeau de mon frangin!
Et j’entends les reproches parentaux « mais mon fils tu es inconscient, comment as-tu pu, tu n’as vraiment pas de tête, tu fais n’importe quoi!! »
Je me projette dans deux mois et je les entends.
Je me projette dans six mois je les entends encore.
Je me projette dans un an et les entends toujours.
Faut dire que c’est vrai, je n’ai pas le droit.
Je suis trop con. Je l’ai déjà dit.

Bon, soyons sérieux, réfléchissons.
Je vais aux objets perdus de l’aéroport.
Ils n’ont rien trouvé. Me conseillent d’aller à la police de l’aéroport.
Je suis les panneaux, même en allemand j‘arrive à piger. Polizei. Pas compliqué. Et pis j‘ai fait sept ans d‘allemand quand même… Il est temps que ça serve. Ça sera bien la première fois.
Là je tombe sur le mec qui en a le plus rien à foutre au monde. Mais alors rien à foutre du tout.
« t’as perdu ton morlingue? » « ben t’avais qu’à pas être si con »,
Ais-je deviné.
Faut dire que le mec n’a même pas levé les yeux de son canard .
Donc la police, t’oublie, ils ne sont pas là pour rendre service (ça se saurait).

Reste la compagnie qui m’a transportée, la Lufthansa. Avec un peu de bol, j’ai oublié le larfeuille dans l’avion.
Je me pointe à un guichet de la dite compagnie (il faut savoir qu’à Francfort comme certainement dans toute l‘Allemagne, il y en a au moins 422 des guichets de la Luft à l‘aéroport), tente d’expliquer mon histoire.
Il faut rappeler que je suis en Allemagne, que je ne cause que quelques mots d’allemand (malgré sept ans d’études), que je parle anglais comme Chirac (malgré cinq ans d’études), que j’ai les jetons, que tout s’embrouille. Je baragouine une espèce d’esperanto foireux, un mix entre le Français, l’anglais et l’allemand, accompagné de quelques gestes. La nana arrive à me faire comprendre non sans mal qu’il faut que je trouve le guichet numéro « je ne sais plus combien », où je trouverai un téléphone qui me permettrait d’appeler la compagnie pour ce genre de désagréments.
J’y cours.
Enfin je mets au moins un quart d’heure à le trouver ce guichet, car ils sont tous pareils et il y en a 422, je l’ai déjà dit ça aussi.
Mais je le trouve.
Je décroche et commence à raconter mon histoire.
Et là Je Ne Sais Pas Qui intervient. Le mec au bout du fil parle Français! Français!!!!!!!!!!!!!!!!!! Ça veut dire qu’il entrave ce que je jacte!
« Bougez pas, j’arrive dans cinq minutes avec les effets trouvés dans l’avion. »
Il se pointe. Très sympa. Avec mon morlingue.
Je signe un papier ou deux après avoir prouvé que c’était bien le miens (ben oui, ce n’est pas la photo sur le permis avec la tronche de cul précédemment décrite qui m’aide).
Je l’ai retrouvé!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
JE L’AI RETROUVE!!!!!!!!!!!!!!
Pas de vannes, de pas reproches, pas de moqueries, pas de vacances amputées!
Je suis sauvé!!!!!!!
SAUVE!!!!!!!!!!!!!!!!

Alors là, il faudrait que je décrive le soulagement. Impossible!

Je suis rentré à l’hôtel et je me suis couché à 20h00 et j’ai pioncé comme un bébé.
Heureux.
Il ne m’en faut pas plus!

Autre vue du toit, réalisée plus tard dans le séjour.

http://atelierbis.wordpress.com/2011/10/19/californiantoane-1/